En voilà un sujet controversé.
Évidemment, il y a toujours des cas extrêmes à part: une lésion de la colonne vertébrale mal placée qui risque de paralyser le chien et nécessite l’éviction de tout mouvement ou encore une fracture ouverte.
Mais la plupart des blessures sportives sont moins graves que ça et relèvent souvent de l’usure.
Même dans ces cas, on recommande souvent d’attendre et de mettre le chien simplement au repos pour laisser le phénomène d’inflammation, de guérison et de cicatrisation se faire.
Paradoxalement, il est aussi souvent recommandé d’utiliser des modalités anti-inflammatoires qui vont venir limiter ce phénomène naturel qui doit nécessairement avoir lieu.
Massage, ostéopathie, acupuncture, laser, ultrasons, taping, electro-stimulation, ondes de chocs, anti-inflammatoires non stéroïdiens: les modalités passives de traitement sont nombreuses et souvent utilisées exclusivement.
On se base sur une approche erronée qui considère des critères de temps de cicatrisation à attendre que le chien aille mieux plutôt que d’agir tout de suite pour penser en fonction du tissu et lui permettre de retrouver des capacités.
- Apprendre par cœur à l’école qu’il faut rester 21 jours à ne rien faire après une déchirure musculaire, ça devrait être interdit.
- Apprendre par cœur à l’école qu’il faut poser une attelle et ne pas bouger pendant 3-4 semaines après une entorse, le temps que ça se consolide par magie, ça devrait être interdit.
Ne plus penser en temps de cicatrisation mais en fonction tissulaire
C’est une des raisons pour laquelle les chiens sportifs réguliers et même d’élite retrouvent rarement leur niveau d’activité et la confiance d’avant blessure.
À mon sens, on devrait vivement arrêter de penser en temps de cicatrisation et penser en fonction tissulaire.
Les fibroblastes, les cellules qui permettent la déposition et l’agencement des fibres de collagène et de la matrice extra-cellulaire des tissus conjonctifs lésés, répondent à la force et sa direction.
Sans être guidés par la force et le mouvement, ils remodèlent les tissus aléatoirement et de façon désorganisée.
Le tissu cicatriciel déposé est désorganisé et fibrotique, ce qui affaiblit l’articulation.
Si seulement ce nouveau tissu était déposé dans le sens des lignes de force, dans l’axe normal du tissu qui permet la meilleure transmission de force possible le long de la chaîne cinétique, la réhabilitation serait de bonne qualité.
Bien souvent, nous réduisons les choses et pouvons penser que la lésion d’un tissu à la périphérie n’affecte que ce tissu.
La lésion d’un tissu à la périphérie ne touche pas que ce tissu mais aussi sa connexion avec le système nerveux central.
C’est pourquoi il ne suffit pas seulement d’attendre pour retrouver la connexion.
Tout tissu à la périphérie, même un ligament ou une capsule articulaire, est un organe sensoriel.
Sa lésion entraîne une lésion sensorielle et motrice et donc une perte de contrôle moteur et de proprioception.
Il est alors impératif d’envoyer un signal de force au + vite pour que le nouveau tissu se re-connecte au système nerveux et que la boucle sensorimotrice se recrée.
Un principe fondamental du vivant est que la conservation de l’énergie reste l’objectif ultime de toute vie.
Le corps se débarrasse alors de ce qui ne lui sert pas.
Quand ton chien se blesse et que tu attends, les choses empirent encore davantage.
Oui, la matière lésée est dégagée, mais elle est remplacée par un nouveau tissu cicatriciel inerte et désorganisé en absence de sollicitation.
En +, tous les tissus conjonctifs et musculaires qu’il y a autour que ton chien n’utilises peut-être pas non plus vont alors aussi s’atrophier.
Psychologiquement, ton chien et toi vous avez moins confiance dans le membre lésé et tous ces éléments diminuent la qualité du mouvement.
Ce nouveau tissu inerte et désorganisé entraîne des compensations sur les tissus adjacents qui vont devoir prendre les contraintes qu’il ne peut pas assumer.
Ton chien se retrouve avec un maillon faible qui surcharge les maillons autour qui peuvent finir par céder pour finalement ne se retrouver qu’avec des maillons faibles.
Ton chien se blesse au poignet, c’est son coude et son épaule qui vont devoir compenser.
Ou peut-être que ses douleurs de coude sont liées à une épaule qui ne fonctionne pas bien.
Ses douleurs sacro-iliaques sont sûrement liées à une colonne lombaire et/ou des hanches qui ne fonctionnent pas bien.
Il y a toujours quelque chose à faire, même si ce n’est que de l’isométrie à faible intensité: il faut orienter la force pour guider les cellules et progresser à partir de là.
On évite le bond du « je ne fais rien » à « je fais tout (et n’importe quoi) » et les récidives derrière.
Je pense que comprendre ces principes et l’appliquer en pratique peut tout changer.
Pour mes chiens, pour moi et pour ma pratique ça a tout changé.
On passe du “je ne sais pas quoi proposer » et j’enterre mes clients dans 10 séances de massage, d’hydrothérapie ou de laser à “j’ai toujours une corde à mon arc » pour les rendre actifs et autonome, quelle que soit la blessure et les douleurs.
