10 traitements à éviter sur les tendinopathies

Tout le monde parle de tendinite.

Mais le suffixe “-ite” n’a pas vraiment lieu d’être car il signifie qu’il y aurait une inflammation.

Or, les marqueurs inflammatoires sont absents ou en très faible quantité au sein du tendon pathologique.

Aujourd’hui, on sait qu’on devrait plutôt parler de tendinopathie car c’est plutôt rare de trouver des marqueurs inflammatoires.

Juste avant de te parler des 10 traitements à éviter, je veux faire un bref rappel de ce qu’est le tendon. 

Le tendon est composé de nombreuses fibres de collagène rassemblées en fascicules qui forment eux-mêmes d’autres fascicules encore plus gros.

C’est une structure vivante qui ressemble à celle du muscle ou de nerf, avec une répétition de son même schéma structurel au niveau macro et micro: comme une fractale en mathématiques.

Il y a des membranes de tissu conjonctif qui délimitent les fascicules: l’endotenon pour le niveau le + micro, l’épitenon pour le niveau le + superficiel et le paratenon qui englobe tout le tendon comme une gaine.

Il y a plusieurs atteintes au tendon: l’enthésopathie qui touche l’insertion du tendon sur l’os.

La tendinose qui correspond à une dégradation du corps du tendon et la paraténonite ou ténosynovite qui touche le paratenon.

Je te dis ça car en réalité, s’il y a effectivement une inflammation, elle touche les zones interfasciculaires comme l’endotenon ou le paratenon qui englobe le tendon.

Bon, en réalité, ce sont des mots compliqués pour parler d’une partie précise du tendon qui est touchée mais on ne peut pas réduire les choses à ça.

Ton chien peut très bien avoir eu à un moment donné une inflammation du paratenon puis une dégradation du tendon à l’enthèse et au corps du tendon.

On résume ça à travers le terme global de tendinopathie parce que ça ne sert pas à grand chose de savoir ce qui est précisément touché dans le tendon.

Ces membranes sont riches en terminaisons nerveuses et mécanorécepteurs.

Avec la dégradation du tendon lors de ses premières phases, on observe une néovascularisation: le corps développe de nouveaux vaisseaux sanguins et nerveux dans le tendon.

C’est pathologique et peut expliquer la présence de marqueurs inflammatoires préférentiellement au début de la dégradation du tendon.

Un tendon dégénéré n’est plus vraiment inflammatoire et il aurait même tendance à être moins douloureux.

Déjà ça, même si ça peut paraître très théorique, c’est hyper important de le comprendre.

Pourquoi ?

Parce que si tu comprends mal la problématique de ton chien, tu ne peux pas choisir le traitement adapté aux besoins de ton chien.

Les 10 points que je vais détailler sont tirés d’un papier de Jill Cook en 2018 (Cook, J. L. (2018). Ten treatments to avoid in patients with lower limb tendon pain. British Journal of Sports Medicine52(14), 882-882.).

1. Évite le repos complet

Le repos diminue la raideur et la tolérance du tendon, la force musculaire et induit des changements dans le cortex moteur.

Des charges bénéfiques doivent être introduites (isométrie) et supprimer les charges tendineuses trop irritantes.

L’isométrie est bénéfique pour de nombreuses raisons que je ne détaillerai pas en détail ici mais: inhibition de la douleur dans le cortex, envoi d’un signal directionnel de force qui indique aux fibroblastes dans quelle direction remodeler les fibres de collagène, effet anti-inflammatoire, excitation des poules de motoneurones des muscles associés au tendon, reconstruction de la carte corticale etc…

Le tendon est le + sollicité lorsque tu l’utilises sur sa fonction de ressort: stockage et restitution d’énergie potentielle élastique.

Donc sur des mouvements rapides et même pliométriques: course, saut ou tout autre mouvement fait rapidement.

Si ton chien a une tendinopathie du biceps, courir après une balle, les jeux de poursuite avec les congénères effectué rapidement peuvent irriter le tendon (c’est comme de la pliométrie).

Si ton chien a une tendinopathie des ischio-jambiers (ex: gastrocnémien), sauter dans le coffre, courir après le chat peut aggraver le niveau de d’atteinte.

Bref, c’est la même chose pour toutes les tendinopathies.

2. Ne pas prescrire les mauvais exercices

Comprendre la charge est crucial.

Le tendon est le + chargé sur les sauts, changements de direction et le sprint.

Les exercices lents avec charges ne chargent pas beaucoup les tendons et peuvent être utilisés tôt dans la rééducation.

Mais les amplitudes d’étirement peuvent compresser le tendon à son insertion sur l’os, ce qu’il faut éviter au début de la rééducation.

En gros, si ton chien souffre d’une tendinopathie, le fait d’étirer le tendon et le compresser sera délétère au début.

Donc éviter tout ce qui est pliométrique, et même sur des mouvements lents ou sans vitesse (isométrie), l’étirement du muscle et tendon est à éviter.

Il faudra peut-être commencer sur de l’isométrie en raccourcissement du muscle et appliquer des contraintes tensiles et compressives de manière très progressive.

3. Ne te repose pas sur les traitements passifs

Ils n’améliorent pas la tolérance du tendon à la charge.

La glace, le laser, le massage, l’acupuncture ou le taping, etc. n’améliorent la douleur que sur le court terme seulement pour qu’elle revienne dès que le tendon est de nouveau chargé.

Tous ceux qui te disent d’attendre et prendre des anti-inflammatoires n’ont tellement rien compris qu’on est en droit de se demander s’ils savent même ce qu’est un tendon.

4. Évite les injections

Elles ne sont pas plus efficaces que le placebo et ne permettent pas que le tendon pathologique redevienne normal.

Les injections de PRP (plasma riche en plaquettes) ou de corticostéroïdes ne montrent pas d’effets vraiment intéressants pour justifier leur utilisation, en + de leur coût.

À la rigueur, sur un stade 1 de tendinopathie (tendon réactif) où il peut éventuellement être inflammatoire, ça peut soulager sur le court terme ce qui n’est pas négligeable.

Mais ne compte pas là-dessus pour aller mieux sur le long terme.

5. N’ignore pas la douleur tendineuse

La douleur augmente généralement dans les 24h après l’exercice.

Si la douleur dépasse 2-3/10, il faut réduire les charges irritantes pour le tendon (intensité, volume, amplitude et/ou fréquence).

Le problème des tendinopathies est qu’il y a un “warm-up effect” ou “effet échauffement“: en gros ton chien a mal quand il est à froid et à l’effort il n’a plus mal.

Donc tu peux très vite sur-solliciter le tendon et avoir très mal lorsque tu retombes à froid après une séance, le soir même ou le lendemain.

6. N’étire pas le tendon dès le début

Au début d’une rééducation, étirer le tendon compresse l’enthèse où s’insère le tendon sur l’os.

À éviter au début quand c’est encore trop douloureux.

Je t’ai déjà expliqué ça au point numéro 2.

7. N’utilise pas le massage par friction

Un tendon douloureux est surchargé/sous-chargé et irrité.

Le massage ou la friction peut augmenter la douleur et n’améliore pas la fonction ni la structure.

Un effet sur les mécanorécepteurs locaux peut diminuer la douleur mais ça ne dure pas et la douleur revient avec des charges tendineuses élevées.

Encore une fois, la seule solution sur le long terme est le renforcement, le développement de la capacité du tendon à encaisser des contraintes tensiles et compressives progressivement + élevées.

8. L’imagerie ne sert ni de diagnostic, de pronostic ou de mesure du résultat

La pathologie asymptomatique est prévalente.

Ça veut dire que la majorité des tendons pathologiques ne sont même pas douloureux.

Clairement, tu ne sais même pas que le tendon est en état de dégradation car ton chien n’a pas mal.

La pathologie à l’imagerie est généralement très stable et ne change pas avec l’exercice et la réduction de la douleur.

Tu ne peux pas te dire: “à l’imagerie le tendon est dégradé je vais faire un protocole et il sera moins dégradé après“.

La partie pathologique du tendon est difficile à cibler mécaniquement (on ne sait pas faire) et on n’arrive pas à y créer de l’adaptation.

Mais c’est pas grave car cette petite zone pathologique est entourée d’une quantité importante de tendon sain.

Le tendon pathologique dispose même + de tendon sain que le tendon sain.

Fonction > Structure.

Sais-tu que les athlètes en volleyball et basketball qui sautent le + et le + haut sont aussi ceux qui ont les tendons les + dégradés ?

La meilleure fonction a lieu sur des structures dégradées mais non douloureuses.

9. Ne t’inquiète pas de la rupture

La douleur protège car elle réduit la charge sur le tendon.

La plupart des ruptures de tendon sont asymptomatiques, c’est à dire qu’elle ne génère pas de douleur à l’individu malgré une pathologie structurelle importante à l’imagerie.

Au final, avoir mal indique que ton chien est sûrement sur le premier stade de la tendinopathie (tendon réactif) et pas en état de dégradation avancé.

Alors ça ne veut pas dire qu’il faut aller faire une imagerie de tous les tendons pour savoir lesquels sont dégradés et risque de se rompre sans que tu le saches, c’est inutile.

On en revient toujours à une gestion intelligente de la charge d’entraînement, de ton stress psychosocial, de l’hydratation et la nutrition.

Être progressif sur le long terme et toujours laisser le temps au chien de récupérer.

10. Ne presse pas la rééducation

Le tendon a besoin de temps pour développer sa capacité, tout comme le muscle, le cerveau et toute la chaîne cinétique.

Tu dois viser sur le long terme (>3 mois).

Il n’y a pas de traitement magique et miracle.

Il faut respecter des principes de base qui sont toujours les mêmes.

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Aurore Brelot

Ostéopathe pour chiens spécialisée en rééducation physique et renforcement musculaire

“Bouger mieux, Vivre heureux.”

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