La raison derrière les tensions musculaires 

Tu l’as sans doute vécu.

Ton chien en souffre sûrement depuis un moment et tu ne sais probablement plus quoi faire.

On t’a conseillé de faire des étirements ou des massages mais tu as sans doute vu que, malgré le soulagement évident ressenti sur le moment, ça ne cesse de revenir et même pire.

D’autres te diront que ce n’est pas la solution et que tu dois “renforcer” les muscles tendus.

Pourtant, des chiens très “musclés” peuvent très bien ressentir ces tensions musculaires vraiment chiantes.

Alors, si étirer, masser ou même “renforcer” ne semble pas si efficace, d’où vient le problème et comment on peut agir dessus efficacement ?

Le problème de ces étirements, massages ou même du renforcement un peu aléatoire est qu’ils traitent la conséquence du problème, pas ses causes.

La question à se poser en premier lieu est: « pourquoi les muscles de mon chiens sont tendus ? pourquoi il ressent ces tensions permanentes ?“.

Le constat est clair: certains muscles se trouvent contractés de façon isométrique, à très faible intensité mais très longtemps voire tout le temps.

Ok, mais pourquoi ?

La cause se trouve dans le système nerveux.

C’est lui qui régule l’activité des muscles et qui fait que les muscles se contractent de manière volontaire ou réflexe.

Ok, mais pourquoi les muscles de mon chien se contractent de manière réflexe ?

Ça devrait te faire penser à un truc: le réflexe myotatique.

Le système nerveux, si tu le poses sur une table tout seul, il ne sert à rien.

Ce que je veux dire, c’est que sans les capteurs à la périphérie pour apprendre ce qui se passe dans et en dehors du corps, le système nerveux ne sait rien et il ne peut rien faire.

Pour récolter les informations interne et externe, le système nerveux utilise les mécanorécepteurs, ces neurones différenciés qu’on retrouve dans absolument tous les tissus à la périphérie.

Ces mécanorécepteurs sont partout: muscle, tissus conjonctifs (ligaments, tendons, fascias), os, cartilage, disques, ménisques etc…

C’est la seule façon pour le système nerveux de comprendre l’état de santé et de fonction de chacun des tissus pour être en mesure d’évaluer s’il y a danger ou pas.

Justement, dans ton muscle, tu as des mécanorécepteurs qu’on appelle les fuseaux neuromusculaires (FNM).

Ce sont des fibres musculaires au sein même du muscle, sauf qu’elles ont un rôle différent et sont encapsulées.

Elles ont la capacité de se contracter comme les fibres musculaires classiques (qu’on appelle extrafusales car elles sont en dehors des fuseaux) mais elles ont surtout un rôle sensoriel.

Elles informent le système nerveux des changements de longueur dans le muscle, la vitesse du changement de longueur, la tension ressentie, l’accélération.

Ces FNM ont donc un rôle vraiment sensoriel en + de leur rôle moteur.

En gros, quand le muscle s’étire, ces FNM s’étirent et ils envoient l’info au système nerveux.

En réponse réflexe, ta moelle épinière active un neurone moteur qui va contracter certaines fibres du muscle en question.

Ça se résume sur ce schéma  

Les neurones moteurs qui activent le muscle classique sont les motoneurones alpha (⍺-motoneurone).

Les FNM sont aussi capables de se contracter, souviens-toi, et donc ils sont innervés par d’autres motoneurones, les motoneurones gamma (ɣ-motoneurone).

Et ça, c’est très important à comprendre !

Pourquoi ?

Les ɣ-motoneurones rendent + ou – sensible ton FNM à l’étirement.

Ça veut dire que des ɣ-motoneurones très stimulés peuvent rendre le FNM très sensible à l’étirement: si sensible à l’étirement que ton FNM se retrouve à envoyer de l’info en permanence à ta moelle épinière, qui elle, au bout de la chaîne, contracte de façon réflexe ton muscle tout le temps.

Tu commences à comprendre le lien avec les tensions musculaires chroniques ?

Johansson (1991) et d’autres collaborateurs ont passé leur vie à s’intéresser à ce sujet et ils ont notamment découvert des facteurs qui stimulent les ɣ-motoneurones, rendant les FNM sensibles à l’étirement.

Ce schéma est complexe mais il résume beaucoup de choses.

Tu peux voir que les mécanorécepteurs articulaires envoient un signal qui se transmet directement aux ɣ-motoneurones et ⍺-motoneurones.

Pas seulement à un muscle, mais aussi à d’autres muscles autour: ce qui causera d’ailleurs le fait que tes tensions musculaires se répandent dans plusieurs muscles avec le temps.

Ça veut dire que ta santé articulaire et plus largement conjonctive est en lien DIRECT avec ta santé musculaire et ces tensions chroniques.

Quand je te parle de conjonctif, c’est parce qu’il n’y a pas que les récepteurs de l’articulation, mais aussi des tissus conjonctifs autour de l’articulation, donc les ligaments qui ne sont que les prolongements de la capsule articulaire.

Tout ça te paraît sans doute très complexe et je le comprends bien.

Si tu me lis encore: bravo, la plupart ont sans doute déjà arrêté depuis un moment et quitter la page (quel dommage vu le temps que je passe à l’écrire).

Ce que tu dois retenir

Ce que tu dois retenir, c’est simplement que toute l’anatomie est interconnectée, aucun tissu n’est passif et tout a un rôle sensoriel au-delà de sa propre structure.

On pense souvent qu’il n’y a que les muscles qui sont actifs car ils se contractent et le reste non.

Pourtant, les muscles ne sont absolument rien sans tout le reste autour.

Une mauvaise santé articulaire et ligamentaire pourrait augmenter l’activité des neurones gamma et alpha, ce qui serait une stratégie compensatoire réflexe du système nerveux pour protéger une articulation qui ne bouge pas bien.

Puisqu’elle ne bouge pas bien, il contracte les muscles pour se crisper et limiter l’utilisation des articulations qui manquent de mobilité.

Je dois aussi te parler de la Loi de Hilton: l’articulation est innervée par les mêmes nerfs que les muscles autour de l’articulation.

C’est toujours comme ça, quelle que soit l’articulation: le lien est donc étroit entre tes muscles et ton articulation.

Et tu sais bien ce qui se passe quand on ne se sert pas d’un tissu: on le perd.

Le cercle vicieux de l’arthrose et d’autres problématiques péri-articulaires peut commencer par là.

Une contraction musculaire permanente comprime le muscle, limite l’apport sanguin et donc d’oxygène (ischémie), ce qui perturbe les métabolismes énergétiques et fait produire des messages de douleur (nociception).

Ça t’est probablement déjà arrivé à toi aussi, quand tu fais un exercice, au bout d’un moment ça devient douloureux.

C’est un peu la même chose, sauf que c’est une contraction très faible mais qui dure très longtemps.

Au mieux, en massant et en étirant, tu soulages temporairement ton chien par stimulation de mécanorécepteurs, production de neurohormones qui donne un sentiment de bien-être quelques secondes ou minutes, et puis ça revient.

Pire encore, l’étirement empire le problème car cela stimule encore + les FNM déjà très stimulés.

Alors quoi faire ?

Il faut clairement améliorer la santé articulaire et conjonctive: une mauvaise santé à ce niveau là peut être à l’origine des tensions musculaires.

Après, il faut aussi voir plus large: si ton chien est sédentaire, toute la journée dans la même position, que ton chien ressent du stress à plein de niveaux (nutritionnel, social, émotionnel, etc), ça va jouer sur l’état de son système nerveux autonome et donc également la sensibilité des motoneurones régulant les muscles.

Bref: il y a aussi beaucoup d’autres choses qui jouent, mais tu peux être sûr que ça ne se passera jamais bien en cas d’une mauvaise santé articulaire.

Réserve ton bilan postural et discutons des nouvelles activités que tu vas pouvoir faire après t’être débarrassé de ces vilains douleurs chroniques

A très vite,

Aurore

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Aurore Brelot

Ostéopathe pour chiens spécialisée en rééducation physique et renforcement musculaire

“Bouger mieux, Vivre heureux.”

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